CARÊME, LE TEMPS DU COMBAT DE NOTRE FOI

CARÊME, LE TEMPS DU COMBAT DE NOTRE FOI 

Du latin « quadragesima », « le quarantième » ; le carême dure 40 jours – sans compter les dimanches – et fait référence aux 40 années passées au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise ; ainsi qu’aux 40 jours passés par le Christ au désert (Matthieu 4, 1-11) entre son baptême et le début de sa vie publique : le carême est donc un temps de mise à l’épreuve de notre foi pour de nouveaux commencements dans notre vie évangélique personnelle, communautaire, et publique.

 

Vie évangélique personnelle – « Convertissez-vou<s et croyez à l’Evangile ! »
Marc 1, 15 – Prière

Nous avons été marqués au front de cette phrase le mercredi des cendres ; marqués du sceau de notre foi : « Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est vrai » (Jean 3, 33), nous dit le prophète Jean-Baptiste. Ce témoignage, c’est la Bonne Nouvelle de l’Evangile ; où en sommes-nous de notre foi à l’Evangile ? Parce que l’Evangile, ce n’est pas un livre : c’est une Personne, le Christ Lui-même ; pas d’intimité avec l’Evangile, pas d’intimité avec le Christ ; et l’intimité avec le Christ, c’est la prière personnelle, la méditation quotidienne de l’Evangile : « La prière vient du cœur, l’âme tendue vers Dieu, en y mêlant le désir et le souvenir de Dieu. La prière est la lumière de l’âme, la vraie connaissance de Dieu. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes. Dieu en fait la grâce. Celui qui l’a goûté est saisi pour le Seigneur d’un désir éternel, comme d’un feu dévorant qui embrase son cœur. » (auteur inconnu, V°siècle)

 

Vie évangélique communautaire – « Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ;
alors ils jeûneront. » Marc 9, 16 – Jeûne

La prière nous ouvre au jeûne ; en Eglise on ne jeûne pas pour soi, on jeûne pour l’Autre, par amour du Christ ; pour consentir à se laisser réconcilier avec Dieu, avec le don de son amour miséricordieux, pour être de véritables témoins de sa miséricorde ; Aussi, jeûner, c’est jeûner de tout ce qui fait obstacle dans ma vie à ma relation avec Dieu et avec mon prochain ; c’est de ne pas donner la première place aux richesses et plaisirs de ce monde, pour continuellement s’enfanter à la vraie vie – la vie dans l’Esprit Saint – qui engendre des renoncements à la vie au monde. Jeûner c’est se décentrer de soi pour mieux être dans ma relation à Dieu et aux autres, en expérimentant le manque ; le manque naît du désir ; si je désire être davantage avec Dieu dans la prière, Dieu va me faire comprendre ce que je dois moins désirer dans ma vie mondaine, pour être avec lui. Le jeûne, c’est l’école de l’amour de Dieu… le jeûne évangélise, purifie notre désir de Dieu ; le but, c’est de parvenir à la joie d’un cœur purifié : « Vide ce qui doit être rempli, nettoie à force de travailler… L’onction du Christ nous enseigne intérieurement… Dieu, en faisant attendre, élargit le désir ; en faisant désirer, il élargit l’âme… Voilà notre vie, nous exercer en désirant… Portons-nous vers Dieu, afin qu’Il nous comble. »  Saint Augustin

 

Vie évangélique publique – Aumône

Il y a un lien profond entre jeûne et aumône ; dans les 1°communautés chrétiennes, ce qui était mis de côté par ceux qui jeûnaient était redistribué aux pauvres ; parce que le jeûne nous évangélise à une vie communautaire plus intense dans la justice et la miséricorde, son fruit essentiel est l’aumône (le partage) ; c’est-à-dire le souci des autres, la charité, le sens du bien commun en Eglise et dans le monde : un catholique a le sens « politique » (étymologiquement « citoyen, citoyenneté ») ; il s’investit dans la vie de la cité ; et la première de ses cités, c’est l’Eglise. Le partage c’est la justice sociale guidée par l’Evangile de la miséricorde, c’est avoir à cœur le bien des autres et la transmission des valeurs évangéliques.

Bon carême !

P. Thierry