L’édito de février se terminait par la question : « Nos contemporains ont-ils, comme l’avaient leurs ancêtres, l’espérance d’une vie éternelle, d’une vie après la mort ? » Notre pape François, dans la Bulle d’indiction du jubilé de l’année 2025, nous en parle, en énumérant les raisons de notre espérance :
« Je crois à la vie éternelle : ainsi professe notre foi. L’espérance chrétienne trouve dans ces mots un pilier fondamental. Le Concile œcuménique Vatican II affirme : ‟Lorsque manquent le support divin et l’espérance de la vie éternelle, la dignité de l’homme subit une très grave blessure, comme on le voit souvent aujourd’hui, et l’énigme de la vie et de la mort, de la faute et de la souffrance reste sans solution. Ainsi, trop souvent, les hommes s’abîment dans le désespoir”. Nous, en revanche, en vertu de l’espérance dans laquelle nous avons été sauvés, en regardant le temps qui passe, nous avons la certitude que l’histoire de l’humanité, et celle de chacun, ne se dirige pas vers une impasse ou un abîme obscur, mais qu’elle s’oriente vers la rencontre avec le Seigneur de gloire.
Jésus mort et ressuscité est le coeur de notre foi : l’amour du Père l’a ressuscité dans la puissance de l’Esprit, faisant de son humanité les prémices de l’éternité pour notre salut. L’espérance chrétienne consiste précisément en ceci : face à la mort, où tout semble finir, nous recevons la certitude que, grâce au Christ, par sa grâce qui nous est communiquée dans le Baptême, la vie n’est pas détruite, elle est transformée pour toujours : en effet, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité.
Et si devant la mort, séparation douloureuse qui nous oblige à quitter nos affections les plus chères, aucune rhétorique n’est permise, le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame.
Il est important de penser à nouveau, dans le contexte du Jubilé, à la manière dont ce mystère a été compris dès les premiers siècles de la foi. Pendant longtemps, par exemple, les chrétiens ont construit les fonts baptismaux en forme octogonale et, aujourd’hui encore, nous pouvons admirer de nombreux baptistères anciens qui conservent cette forme, comme à Rome, à Saint-Jean-de-Latran. Cela indique que, dans les fonts baptismaux, un huitième jour est inauguré, le jour de la résurrection, le jour qui dépasse le rythme habituel marqué par l’échéance hebdomadaire, ouvrant ainsi le cycle du temps à la dimension de l’éternité, à la vie qui dure pour toujours. Tel est le but vers lequel nous tendons dans notre pèlerinage terrestre. »
Profitons de ce carême pour redécouvrir la grâce de la vie nouvelle reçue lors de notre baptême, en cette année jubilaire ; un Jubilé, c’est une occasion de renouveau intérieur, pour être véritablement ce que nous sommes appelés à être : des personnes nouvelles dans le Christ.
« Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. » Jean 3, 5-6
Abbé Thierry Porral, curé