Notre Pape François vient de publier le mercredi 29 juin dernier une lettre apostolique intitulée Desiderio Desideravi, « J’ai désiré d’un grand désir » ; en voici de brefs extraits :
- 1 – « Très chers frères et sœurs, par cette lettre, je désire vous rejoindre tous. […]
- 5 – Le monde ne le sait pas encore, mais tous sont invités au repas des noces de l’Agneau. […]
- 6 – Avant notre réponse à son invitation — bien avant ! — il y a son désir pour nous, Nous n’en sommes peut-être même pas conscients, mais chaque fois que nous allons à la Messe, la raison première est que nous sommes attirés par son désir pour nous. De notre côté, la réponse possible — qui est aussi l’ascèse la plus exigeante — est, comme toujours, celle de nous abandonner à son amour, de nous laisser attirer par lui. Il est certain que toute réception de la communion au Corps et au Sang du Christ a déjà été voulue par Lui lors de la Dernière Cène.
- 8 – Si nous étions arrivés d’une manière ou d’une autre à Jérusalem après la Pentecôte et que nous avions ressenti le désir non seulement d’avoir des informations sur Jésus de Nazareth, mais plutôt le désir de pouvoir encore le rencontrer, nous n’aurions eu d’autre possibilité que celle de rechercher ses disciples pour entendre ses paroles et voir ses gestes, plus vivants que jamais. Nous n’aurions pas d’autre possibilité de vraie rencontre avec Lui que celle de la communauté qui célèbre. C’est pourquoi l’Église a toujours protégé comme son trésor le plus précieux le commandement du Seigneur : « Faites ceci en mémoire de moi ».
- 9 – Dès le début, l’Église était consciente qu’il ne s’agissait pas d’une représentation, aussi sacrée soit-elle, de la Cène du Seigneur. Cela n’aurait eu aucun sens, et personne n’aurait pu penser à « mettre en scène » — surtout devant les yeux de Marie, la Mère du Seigneur — ce moment le plus élevé de la vie du Maître. Dès le début, l’Église avait compris, éclairée par l’Esprit Saint, que ce qui était visible en Jésus, ce qui pouvait être vu avec les yeux et toucher avec les mains, ses paroles et ses gestes, le caractère concret du Verbe incarné, tout de Lui était passé dans la célébration des sacrements.
- 10 – C’est là que réside toute la puissante beauté de la liturgie. Si la Résurrection était pour nous un concept, une idée, une pensée ; si le Ressuscité était pour nous le souvenir du souvenir d’autres personnes, même si elles faisaient autorité, comme par exemple les Apôtres ; s’il ne nous était pas donné aussi la possibilité d’une vraie rencontre avec Lui, ce serait comme déclarer épuisée la nouveauté du Verbe fait chair. […]. La foi chrétienne est soit une rencontre avec Lui vivant, soit elle n’existe pas.
- 11 – La liturgie nous garantit la possibilité d’une telle rencontre. Un vague souvenir de la Dernière Cène ne nous servirait à rien. Nous avons besoin d’être présents à ce repas, de pouvoir entendre sa voix, de manger son Corps et de boire son Sang. Nous avons besoin de Lui. Dans l’Eucharistie et dans tous les Sacrements, nous avons la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal. […]. Le Seigneur Jésus qui, immolé sur la croix, ne meurt plus, et qui, avec les signes de la passion, vit pour toujours continue à nous pardonner, à nous guérir, à nous sauver avec la puissance des Sacrements. […]
27 – La question fondamentale est donc la suivante : comment retrouver la capacité de vivre pleinement l’action liturgique ? Le défi est très exigeant car l’homme moderne – pas dans toutes les cultures au même degré – a perdu la capacité de s’engager dans l’action symbolique qui est une caractéristique essentielle de l’acte liturgique.
44 – Guardini écrit : « C’est ainsi que s’ébauche la première tâche du travail de formation liturgique : l’homme doit retrouver sa puissance symbolique ». C’est une responsabilité pour tous, pour les ministres ordonnés comme pour les fidèles. La tâche n’est pas facile car l’homme moderne est devenu analphabète, il ne sait plus lire les symboles, il en soupçonne à peine l’existence.
45 -Ainsi, la question que je veux poser est la suivante : comment pouvons-nous redevenir capables de symboles ? Comment pouvons-nous à nouveau savoir les lire et être capables de les vivre ? Nous savons bien que la célébration des sacrements, par la grâce de Dieu, est efficace en soi (ex opere operato), mais cela ne garantit pas le plein engagement des personnes sans une manière adéquate de se situer par rapport au langage de la célébration. Une « lecture » symbolique n’est pas une connaissance mentale, ni l’acquisition de concepts, mais plutôt une expérience vitale. »
Tout un programme ; ça tombe bien, nous nous retrouvons ce samedi 9 juillet à 14h30 au prieuré de Boulogne en communauté, pour continuer notre réflexion synodale ; ça tombe bien, 40 messes (ou célébrations…) de fête de villages programmées cet été : vous avez dit symbole ?
Bon été à tous !
P. Thierry