« Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? Ils lui remirent 30 pièces d’argent. » Matthieu 26, 15

C’est toujours la même histoire, non ? Tant dans le monde, sous les apparences, l’argent, mène la danse.

 

Petit extrait de l’entretien accordé par le pape François à la radio-télévision suisse italienne RSI, diffusé le dimanche 12 mars dernier :

RSI : Beaucoup vous décrivent comme le pape des petits. Le ressentez-vous comme tel ?

Pape François : Il est vrai que j’ai une préférence pour les laissés-pour-compte, mais cela ne veut pas dire que je rejette les autres. Les pauvres sont les préférés de Jésus. Mais Jésus ne renvoie pas les riches.

RSI : Pourquoi certaines personnes se sentent-elles exclues de l’Église en raison de leur condition de vie ?

Pape François : Le péché est toujours là. Il y a des hommes d’Église, des femmes d’Église, qui font la distance. Et c’est un peu la vanité du monde, se sentir plus juste que les autres, mais ce n’est pas juste. Nous sommes tous pécheurs. À l’heure de la vérité, mettez votre vérité sur la table et vous verrez que vous êtes un pécheur.

RSI : Qu’est-ce qu’un pape qui vient presque du bout du monde peut apporter ?

Pape François : Cela me rappelle une phrase de la philosophe argentine Amelia Podetti : « la réalité se voit mieux des extrémités que du centre. » De loin, on comprend l’universalité. C’est un principe social, philosophique et politique.

RSI : Vous avez à plusieurs reprises lancé des appels à la paix dans le monde. Les guerres sont nombreuses. Mais pourquoi est-il si difficile de comprendre le drame de la guerre ? 

Pape François : Pour moi, la guerre est un crime, quelque chose qui ne va pas. En un peu plus de cent ans, il y a eu trois guerres mondiales : 14-18, 39-45 et celle-ci, qui est une guerre mondiale. Elle a commencé par petits bouts et maintenant personne ne peut dire qu’elle n’est pas mondiale. En effet, les grandes puissances sont toutes impliquées. Le champ de bataille est l’Ukraine ; tout le monde se bat là-bas.

Cela fait également penser à l’industrie de l’armement, n’est-ce pas ? Une grosse industrie. Un technicien me disait un jour que si on ne produisait pas d’armes pendant un an, cela résoudrait le problème de la faim dans le monde. C’est un marché ; on fait la guerre, on vend les vieilles armes, on en teste de nouvelles… Il y a deux mois, on a parlé d’un drone étrange qui testait de nouvelles armes. C’est à cela que servent les guerres, à tester les armements. Si l’on testait d’autres choses pour le progrès de l’humanité, je pense à l’éducation, à l’alimentation et à la médecine, ce serait beau.

RSI : Au sujet de la guerre, l’acteur Roberto Benigni a cité ces derniers jours à Sanremo un article de la Constitution italienne qui stipule que l’Italie répudie la guerre. Et il a dit que si tout le monde avait un tel article dans sa Constitution, il n’y aurait plus de guerre. Mais c’est difficile…

Pape François : C’est difficile, car il y a les intérêts. Le pire ennemi de l’homme, ce sont ses poches. Le diable entre par les poches. J’ai toujours été frappé lorsque Jésus dit qu’on ne peut pas servir deux maîtres. Je m’attendais à ce qu’il dise qu’on ne peut pas servir Dieu et le diable. Mais il dit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent » (Matthieu 6, 24). C’est curieux. Jésus diabolise le mauvais usage de l’argent. Quand une personne ne sait pas bien utiliser l’argent pour l’éducation, pour la famille, pour aider les autres, et qu’elle l’utilise égoïstement, elle finit mal, elle finit sans Dieu, loin de Dieu, avec un dieu qui est sa poche.

RSI : Selon vous, l’argent est aussi à l’origine du conflit mondial en cours ?

Pape François : Oui, il y a toujours quelque chose à se mettre dans la poche.

Bonne Semaine Sainte à tous !

P. Thierry