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Chères sœurs et frères dans le Christ,
Quand l’immense majorité d’entre nous vivent en ce moment une vie au ralenti, d’autres au contraire la vivent dans l’urgence, en premier lieu le monde médical, aides-soignants, infirmières, médecins.
Quand l’immense majorité d’entre nous sommes confinés et en sécurité, d’autres sont dehors, dans l’anxiété, pour accomplir leur devoir d’état : employés de supermarchés, de pompes funèbres, gendarmes, militaires, et autres services nécessaires à la vie courante, à la vie sociale, à la vie humaine, tout simplement.
Quand une partie d’entre nous vivent ce confinement dans un certain havre de paix, en amoureux, en famille, en communauté, d’autres font l’expérience d’une solitude encore plus accentuée.
Oui, ce temps n’est pas vécu de la même manière pour tous.
Parce que notre condition humaine est à la fois semblable, et unique.
Alors, qu’est-ce qui nous rassemble, qu’est-ce qui nous unit, fondamentalement ?
Là est l’enjeu pour chacun d’entre nous, pour que le jour d’après, ne soit plus le jour d’avant covid-19.
Allons-nous continuer à vivre dans le consumérisme et l’épicurisme de Lucrèce : « mangeons et buvons parce que demain nous mourrons » ?
Seul, aujourd’hui confiné, nous pouvons très bien vivre ainsi, avec internet, les jeux vidéos, les films à profusion, génération Netflix & co, dans un monde imaginaire, relié les uns aux autres par les réseaux sociaux, où chacun peut se cacher derrière un pseudo.
Les réseaux sociaux ont du bon, ils nous permettent de faire communauté ; mais ils ne remplacent pas les relations humaines. Ce sont les relations humaines qui font une vie, une famille, une communauté, un peuple. Ce sont les relations humaines qui font ce que nous sommes.
Et ce que nous sommes, c’est enfant de Dieu ; et ce que nous sommes, c’est être aimé par Dieu ; et ce que nous sommes, c’est être prédestiné à vivre avec Dieu, dès maintenant.
C’est le chemin du bonheur, parce que c’est le chemin de l’amour.
Dieu nous aime ; mais aimons-nous vraiment Dieu ?
Aimer c’est connaître la personne qu’on aime.
Connaissons-nous vraiment cet Homme-Dieu, Jésus de Nazareth, dont nous fêtons aujourd’hui l’entrée à dos d’âne dans la cité sainte, Jérusalem ?
Jésus le Christ, le Messie, le Prince de la Paix ?
Le Christ, avant de commencer à dévoiler son identité, a passé 40 jours au désert.
En quarantaine.
C’est ce dont nous faisons mémoire chaque année pendant 40 jours, le temps du…
Attention je vais utiliser un gros mot, interdit de citer dans les médias télé.
Tant pis, j’ose : le temps du Carême.
Cette année notre carême a coïncidé avec ce temps de confinement pour tous.
Finalement c’est le carême pour tous…
Qu’avons-nous fait de notre carême forcé ?
Je vous écrivais dans mon édito de mars que le carême était le temps du combat de notre foi, pour de nouveaux commencements dans notre vie évangélique personnelle, communautaire, et publique.
Sommes-nous entrés davantage en intimité avec le Christ, par la prière personnelle, la méditation quotidienne de l’Evangile ? Avons-nous lu un évangile en entier ?
Aimer c’est connaître la personne aimée.
Et la personne du Christ, c’est l’Evangile lui-même, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Dieu se donne dans la lecture méditée de l’Evangile, c’est aussi ça la communion spirituelle, plus sûrement que derrière un écran de télé ou d’ordinateur.
Et avons-nous davantage jeûné ? Pour le coup notre jeûne est vraiment service du frère : nous sommes-nous « serrés la ceinture » ou au contraire, avons-nous couru dans les supermarchés de peur que mon prochain ne prenne ma part du gâteau ?
« Mangeons et buvons parce que demain nous mourrons, si Jésus n’est pas ressuscité », rajoute Saint Paul.
Oui, rien ne changera le jour d’après, pour nous catholiques, si ce carême dans le confinement n’a pas créé en nous cet électrochoc de l’urgence de mieux connaître et aimer celui qui nous rassemble et nous unit, celui en qui nous mettons notre espérance : Jésus de Nazareth, le Messie, le Christ, la Bonne Nouvelle de l’Evangile, Dieu fait Homme.
Le voilà qui entre aujourd’hui à dos d’âne dans la Cité Sainte, Jérusalem : suivons-le, mettons nos pas dans les siens, nous sommes au chapitre 21 de l’Evangile selon Saint Matthieu (versets 1 à 11) : « Qui est cet homme ? », s’interroge la ville.
Oui, qui est cet homme, pour moi ?
Nous avons jusqu’à jeudi pour méditer ce passage d’Evangile, et répondre à cette question, que nous pose la ville. La ville, vous savez, là où se trouve les lumières, artificielles, du consumérisme et de l’épicurisme.
Qui est cet homme Jésus, pour moi ?
P. Thierry