Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple.
Comme tout le peuple venait à lui,
il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme
qu’on avait surprise en situation d’adultère.
Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus :
« Maître, cette femme
a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné
de lapider ces femmes-là.
Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve,
afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus s’était baissé
et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger,
il se redressa et leur dit :
« Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau
et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela,
s’en allaient un par un,
en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda :
« Femme, où sont-ils donc ?
Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit :
« Personne, Seigneur. »
Et Jésus lui dit :
« Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Pauvre femme ! Accusée, mise à terre, montrée du doigt, tout cela pour tendre un piège au Christ. Pauvre Femme, bouc émissaire de ceux qui voulaient la lapider pour effacer la trace de leur péché (certains parmi eux l’avait peut-être utilisée cette adultérine…)
Quelle finesse du Christ ! Chacun est renvoyé à sa conscience. Eux partent, pour elle, qui reste là, sa conscience sera libéré du poids de ses péchés. Elle sait sa faute, elle s’en repent. Elle seule peut accueillir la miséricorde qui la relèvera et lui donnera une dignité plus grande encore, comme le fils prodigue, vêtu d’une belle tunique et de belles bagues.
Ici ce n’est plus une parabole : La pécheresse était vouée à la mort, et elle est revenue à la vie, elle est revêtue des vêtements du salut. Elle a quitté sa robe de tristesse, souillée. Dorénavant, elle pourra crier avec isaïe : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, la jeune mariée que parent ses joyaux »(Is 61).
« Femme ! » Deviens reine dorénavant. Tu étais esclave, de ta convoitise qui te poussait vers d’autres hommes que ton mari et qui les faisait dominer sur toi, selon l’antique punition de la faute originelle. Tu étais esclave de tes passions, ou de ton besoin de vivre dans les cadeaux, les sollicitations des autres hommes, l’affection que tu ne ressentais plus chez toi. Sois libérée, moi non plus je ne te condamne pas !
La femme, jadis comme aujourd’hui est bien mal traitée. Parfois exploitée, comme cette jeune femme qui a rencontré le pape françois lors de son voyage au Mexique. Partie de chez elle pour suivre son amoureux, celui-ci s’est révélé être un proxénète, et entre ses 12 et ses 16 ans, plus de 40 personnes lui sont passées sur le corps. horreur. Heureusement qu’un homme est allée la voir, et il lui a dit qu’il ne voulait pas l’utiliser mais parler avec elle. Après des mois, elle a accepté, et il a trouvé une solution pour la sortir de cette horreur malgré toutes les menaces. La voilà la miséricorde de Dieu, exercée par les hommes. Ou alors comme ce mouvement du nid, créé il y a 70 ans par une prostituée et un prêtre pour sortir les femmes de cet enfer. Femme ! deviens reine, ne pèche plus !
Ces drames ne doivent pas nous aveugler sur des violences plus proches et moins visibles, comme dans les banlieues, où il y a parfois une alternative entre être voilée ou violée. Le cardinal vingt trois disaient à ce propos qu’entre ces deux choix s’il avait une fille il préfèrerait qu’elle soit voilée… pauvres femmes.. pauvres jeunes filles.
Le désir de plaire, d’être au centre du monde peut parfois perdre la femme.. Jésus la relève. Oui, tu es reine ! oui, tu es belle ! mais la beauté extérieure, pudique, féminine, doit être le reflet de la beauté de l’âme, sinon c’est seulement du ravalement de façade. Jésus redonne à la femme sa dignité. Deviens reine, ne pêche plus. Ça ne sera peut être pas si facile d’être une femme libérée, mais je ne te laisserai pas tomber : tu garderas en mémoire ce regard que j’ai posé sur toi, cette rencontre qui t’a relevée et qui t’a sauvée. Lors de la tentation, lorsque tu seras lasse, désabusée, mal-aimée, tu te souviendras de ma douce interpellation : « femme » ! Elle te renverra à la grandeur de ta vocation : Secourir l’homme, selon la mission que le Père t’a donné (« Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai un secours semblable à lui » Gn 2, 18). Deviens reine en sauvant Adam. Car vous les femmes, êtes civilisatrices pour l’homme ! vous pouvez éveiller l’homme à la grandeur de sa dignité, à sa vocation. Je me souviens de plusieurs prêtre m’ayant dit qu’ils étaient devenus prêtres grâce à une petite amie qui les avait éveillé à la vie spirituelle.
En effet la femme, sauvée par le Christ se souviens aussi de cet envoi : Va ! Ne pèche plus, Annonce la miséricorde. Habillée de ton nouveau vêtement du salut « ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui te permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais » (Eph6) va trouver tes frères et annonce leur la miséricorde du Père. Suis mes disciples, deviens peut-être même apôtre d’apôtre. Oui, derrière tous les grands hommes, il y a une grande femme ! saint François d’assise et sainte claire, saint Jean de la croix et sainte Thérèse d’Avila, etc.
De marcher à la suite du Christ, reine, apôtre, cela est une grande aventure, jusqu’au don de sa vie, comme ces 4 religieuses missionnaires de la charité de mère Teresa, qui ont tout donné au Yemen, dans leur hospice, elles ont été assassinées par des fous, avec les personnes âgées dont elles prenaient soin. Des hommes ne veulent pas que la femme se déploie au service de la société. Mystère du mal, et de l’horreur, contre lequel la femme sauvée sera confrontée. Mais rappelons nous, le salut est donné pour l’éternité. Ces religieuses, comme tant de saintes femmes, épouses et mères, ou célibataires, fidèles à leur Seigneur, jouissent maintenant de la gloire du ciel, selon l’apocalypse ! Toi aussi, femme sauvée par le Christ, revêtue de ce lin, éclatant, pur les œuvres justes des saints » tu deviendras membre de cette foule immense, que nul ne peut dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Se tenant debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main !
Abbé Damien Verley +