Conférence de Mgr de Kerimel – Pèlerinage diocésain de Lourdes, le 23 août 2024
« Notre Eglise diocésaine n’est pas née d’hier ; elle a ou aura bientôt 1800 ans. Comme l’Eglise universelle, elle a traversé les siècles, elle s’est développée, à partir de Toulouse, dans un territoire qui a connu des modifications. Elle a connu diverses cultures, gallo-romaine, wisigothe, occitane. Elle a marqué fortement les cultures dans lesquelles elle s’est développée ; elle a évangélisé les mœurs. Notre Eglise a de solides et profondes racines, et ses branches ont porté de nombreux et beaux fruits. Elle a connu des crises, des périodes d’affadissement et des périodes de renouveau.
Aujourd’hui, le Peuple de Dieu en terre toulousaine et commingeoise, continue sa marche, dans une période de fin d’un monde. Nous sommes dans une culture postchrétienne qui renie l’héritage qu’elle a reçue, qui s’acharne à se couper de ses racines, à remettre en cause tous les repères, dans l’idée de créer une humanité nouvelle, qui pense s’épanouir en recommençant à zéro. Chacun est appelé à décider de ce qu’il veut être, selon la théorie du gender : homme, femme, neutre, et maintenant animal… Le donné de départ est devenu comme une contrainte, un déterminisme qui entraverait la liberté. Aujourd’hui, l’humanité veut se créer elle-même, refusant de se recevoir de Dieu ou des générations humaines qui l’ont précédée. Nous retrouvons la tentation qui a conduit au péché des origines : « Vous serez comme des dieux ». Une certaine culture contemporaine s’évertue à renverser les valeurs, à « normaliser » les comportements les plus étranges, à ridiculiser le sacré. La cérémonie d’ouverture des jeux olympiques a donné une triste illustration de la culture contemporaine, imposée à la France et au monde. Déconstruire les stéréotypes, si c’est dans le but de donner à chacun sa place dans la société, si c’est dans le but d’inviter la société à respecter chacun, est une bonne chose ; mais pas en caricaturant les religions ni en justifiant tous les comportements. Défendre la dignité de chacun, oui, mais par ailleurs, on tue les enfants à naître et on marginalise les personnes âgées en attendant de légaliser l’euthanasie. Où est la cohérence ?
Se couper de ses racines, c’est fragiliser l’arbre, le condamner à la mort. Faire table rase de l’histoire conduit à obérer gravement l’avenir. Notre société ne sait pas proposer un avenir. Elle n’avance plus, elle régresse, elle tourne sur elle-même, de plus en plus inquiète devant les menaces climatiques, sanitaires ; elle est de plus en plus enfermée dans ses peurs et dans une attitude suicidaire.
Dans ce contexte, de plus en plus d’adultes et d’adolescents frappent à la porte de l’Eglise. Pour la plupart, la grâce les a touchés, le Seigneur les attire à Lui dans l’Eglise. Quelques-uns souhaitent retrouver leurs racines, et cherchent à renouer avec l’histoire, avec une idée de la France chrétienne. D’autres se durcissent dans une vision politico-religieuse, et s’enferment dans une attitude de forteresse assiégée.
- Le combat de la foi :
L’avenir de notre Eglise ne passe pas par le repli sur soi, ni pas le retour aux croisades.
• Repli sur soi ? Voyant la paganisation de la société et de la culture, les chrétiens sentent le besoin de se conforter dans la fidélité à l’Evangile et dans les repères moraux que nous recevons de l’Evangile. En effet, la vision de l’être humain que véhicule notre société s’éloigne de plus en plus de l’anthropologie chrétienne. De fait, dans ce contexte corrosif, un chrétien seul est en danger ; nous avons besoin de nous fortifier mutuellement dans la foi, non seulement par la pratique dominicale, mais aussi par les fraternités missionnaires qui sont à mettre en œuvre, comme je vous y invitais dans ma lettre pastorale. Nous avons besoin de nous voir plus souvent que le dimanche à la messe, pour prier ensemble, pour nous former, pour échanger dans la foi, pour nous soutenir.
Cependant, il ne s’agit pas de fuir le monde, de nous mettre à part. Notre mission est d’évangéliser le monde, de Lui témoigner de l’amour de Dieu par notre manière de vivre et par nos paroles. Nos communautés sont appelées à manifester la présence de Dieu dans notre société. L’Eglise est le Corps du Christ, la visibilité du Christ dans le monde. Si nous voulons que Dieu ne soit pas totalement évacué de la cité, il est nécessaire que nous soyons présents, visibles, au nom de notre foi. Nous sommes signes de contradiction, parce que nous témoignons au monde d’un art de vivre qui est le secret de la vraie liberté et du bonheur. Nous ne sommes pas du monde, mais dans le monde. […].
Le monde voudrait reléguer les religions à la sphère strictement privée, mais la foi a une dimension sociale, le culte a une dimension publique. Il nous faut donc dépasser nos timidités, nos peurs de nous montrer, sans pour autant cultiver l’ostentation. Demandons la grâce d’être vraiment nous-mêmes, enfants de Dieu, pauvres pécheurs en chemin de conversion. Osons annoncer le Christ par nos paroles et nos actes, joyeusement, humblement.
- Retour des croisades ? Le Christ a vaincu par la croix, c’est-à-dire en donnant sa vie, en témoignant d’un amour plus fort que le mal. Ce n’est donc pas un retour aux croisades qui produira le triomphe de la foi chrétienne, mais notre propre conversion, et la force de la charité. […].
Ne nous trompons pas d’ennemis. Nous ne luttons pas contre des personnes humaines, mais contre les esprits mauvais. Le combat chrétien est un combat spirituel, le seul qui conduit à la victoire, avec la grâce du Christ. Nous luttons dans nos pensées, dans nos paroles et dans nos actes. […].
L’Esprit Saint nous a été donné pour que vous vivions dans un esprit de foi, essayant de voir toutes choses, les évènements, les personnes, dans un esprit de foi. L’Esprit Mauvais nous montre le négatif, le mal, pour nous conduire à la désespérance. Il cherche à nous impressionner pour que nous nous découragions. Souvenons-nous de la victoire de la croix. C’est à l’instant même où le mal semble vainqueur qu’il est vaincu. Les ennemis se réjouissent avant de s’apercevoir qu’ils sont perdants.
- Le combat de l’espérance :
Face aux nombreux signes de désespérance que l’on peut percevoir dans notre société, les chrétiens ont mission d’être témoins de l’espérance. Le thème du Jubilé de l’Eglise en 2025 est : « Pèlerins d’espérance ». »
La suite de la conférence de notre archevêque sur le site du diocèse : https://toulouse.catholique.fr/